La politique énergétique chinoise poursuit des objectifs contradictoires avec des résultats mitigés. Le gouvernement chinois a récemment annoncé une baisse marquée des subventions aux énergies renouvelables tout en fixant des objectifs plus élevés pour 2030. Il a aussi annoncé un gel de la construction de nouvelles centrales thermiques qui se traduit dans l’immédiat par hausse de 4,2 % de la consommation de charbon par rapport à 2017.
Selon les autorités chinoises, la production nationale de charbon a été de 2,28 milliards de tonnes entre janvier et juillet 2018, ce qui représente une hausse de 3,6 % par rapport à la même période en 2017. En août, la production a atteint 300 millions de tonnes, une hausse de 4,2 % par rapport à l’année précédente. La Chine a aussi importé 64 millions de tonnes de charbon de janvier à août, soit 14,7 % de plus que pendant la période correspondante en 2017.
Les centrales au charbon ne sont pas seules en cause. Parmi les grands consommateurs de charbon, notons les chemins de fer chinois, qui ont consommé 1,57 milliard de tonnes de janvier à août 2018, une hausse de 10,1 % par rapport à l’année précédente. Sur la même période, le secteur électrique aurait consommé 67,7 millions de tonnes de charbon de moins par rapport au niveau de consommation de 2017.
En septembre 2017, le gouvernement chinois a annoncé qu’il freinerait la construction d’un groupe de nouvelles centrales au charbon représentant 57 GW de capacité au total. Il semblerait que ses directives n’aient pas été suivies à la lettre par les gouvernements régionaux chargés de les appliquer. La région autonome de Ningxia Hui, par exemple, a accordé une permission spéciale de plusieurs centrales au charbon « à ultra faibles émissions » dans le cadre de son plan triennal de « guerre de défense du ciel bleu ». En fait, il semble y avoir une course pour augmenter la capacité le plus vite possible avant l’entrée en vigueur de nouvelles normes en 2020.
En somme, l’engagement réel du gouvernement central chinois en faveur des énergies renouvelables ne semble pas pouvoir freiner l’essor de l’électricité thermique au charbon. La Chine est un pays plutôt décentralisé, où les gouvernements locaux n’appliquent pas toujours très fidèlement les politiques énoncées par Pékin.
La Chine s’est fixé comme objectif de faire porter la part des renouvelables de 8 à 15 % dans le mix énergétique primaire d’ici 2020, tout en réduisant la part du charbon à moins de 62 %, soit 4,2 milliards de tonnes. Mais le lobby charbonnier chinois semble toujours influent et dans ces conditions, on voit mal comment le pays pourra substantiellement réduire sa consommation de combustibles fossiles et ses émissions de GES.
Sources :
- La Chine applique les freins sur l’énergie solaire
- Ningxia : aucune nouvelle centrale au charbon (en chinois)
- Profil de production et d’approvisionnement en charbon de janvier à août (en chinois)
Mais du coup vu qu’il n’y aura pas assez de charbon pour cuire la planète, ce n’est pas très grave non ?
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Il y en a largement assez.
We’re f*ed.
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Je viens de tomber sur un article de Gail Tverberg et al de 2013 qui rentre dans les détails quant à l’approvisionnement futur de la Chine. Je soupçonne que la situation n’a pas changé dans ses fondements, et il y aura donc des contraintes dans les années qui viennent.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301421513001195
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En volume, c’est suffisant.
Après, il est possible que ça coince sur la finance.
Mais comme les énergies non-carbonées sont incapables d’assurer un mode de vie ne serait-ce qu’approchant celui que nous connaissons, et surtout d’ici trente ans, le plus probable est que nous brûlerons tout ce que nous pouvons.
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Comment les voies verrées peuvent-elles consommer autant de charbon? Elles sont électriques pour les passagers (dont, du charbon indirectement), mais pour les marchandises, fonctionnent-elles en pelletant du charbon comme au 19e siècle ici?
Pour Yoananda: Tout dépend, je soupçonne, du niveau de cuisson. Cela fait un bout de temps
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Cela m’étonne aussi, mais je suppose que tout le transport de marchandises et que tout le transport régional des passagers est plus archaïque que le réseau électrifié à grande vitesse entre les grandes villes.
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