Mes positions

Pour comprendre où je me situe dans divers débats, voici un résumé de mes positions actuelles sur divers sujets liés à l’énergie. Veuillez noter que mes articles reflètent l’état de la recherche et rendent compte des idées les plus récentes et les plus stimulantes Ces compte-rendus de lecture ne reflètent pas forcément mes propres positions.

Philippe Juillet 2015

Transition énergétique: En dépit des efforts consentis, la transition énergétique est largement en retard pour 2050 et n’a pas réussi à réduire notre consommation de carburants fossiles. Elle se heurte non seulement à des problèmes d’attitudes et de financement, mais aussi à de réels enjeux techniques de stockage et de stabilité des réseaux. Le laisser-faire économique et les attentes de croissance soutenue nuisent aux efforts en cours. Nous allons lentement vers plus de sobriété énergétique, motivée non seulement par des pénuries, mais aussi par des prix plus élevés.

Énergies renouvelables: Le solaire photovoltaïque et l’éolien présentent maintenant des rendements comparables à celui du pétrole, mais en pratique, leur caractère intermittent impose de la redondance dans les installations et d’énormes besoins de stockage, ce qui en atténue la performance et en augmente le coût de revient. À quantité égale d’énergie produite, elles utilisent dix fois plus de métal que les énergies fossiles. Les énergies renouvelables les plus utilisées sont de loin l’hydro-électricité et la biomasse, mais ces productions sont près de leur limite.

Pétrole : En dépit des propos rassurants des économistes, la production pétrolière piétine. Le brut conventionnel a atteint son sommet vers 2006 et ne progresse plus depuis. Les pétroles extralourds (dont le bitume de l’Alberta) et le pétrole de roche-mère (dit « de schiste ») ont permis une progression limitée de la production depuis dix ans, mais ces pratiques n’ont globalement pas été profitables et l’industrie présente un fort taux d’endettement. La mauvaise qualité des ressources qui restent laisse présager un pic de production vers 2020-2025, suivi d’un déclin s’étalant sur plusieurs décennies.

Voitures électriques et autonomes : La part de marché des voitures électriques augmentera, mais plus lentement que ne l’espèrent ses partisans en raison du manque d’intérêt des consommateurs. Il existe des réserves suffisantes de métaux comme le lithium et le cobalt pour l’avenir immédiat, mais la difficulté d’en augmenter la production à un rythme suffisant provoquera des goulots d’étranglement et des retards. La conduite des voitures sera de plus en plus assistée, mais il n’y aura pas d’ici 2030 de voiture se conduisant véritablement seule, sans supervision humaine – sauf peut-être sur les autoroutes.

Changements climatiques : Les changements climatiques sont substantiellement plus rapides que prévu et laissent présager un réchauffement de l’ordre de 4 à 5 degrés d’ici la fin du siècle. Le gaz carbonique est le principal moteur de ces changements. Il se peut toutefois qu’il ne reste pas assez d’hydrocarbures exploitables pour atteindre un niveau de réchauffement aussi élevé. En dépit de tout ce que l’on dit sur la « bombe méthane », les émissions de méthane de l’Arctique restent modérées et les risques d’emballement sont relativement faibles. Les accords de Paris (COP21) reposent sur des hypothèses peu réalistes sur la possibilité de retirer massivement du carbone de l’atmosphère à l’horizon 2050.

Déclin des écosystèmes : L’accent mis sur les changements climatiques est en grande partie motivé par l’espoir de stimuler l’activité économique et les emplois. La santé des écosystèmes et de divers cycles naturels vitaux s’en trouve négligée. L’accent mis sur les technologies plutôt que sur les pratiques durables perpétue cet angle mort. La préférence accordée à l’agrochimie plutôt qu’à la régénération des sols est un exemple de ce biais favorisant l’industrie plutôt que le vivant.

Économie : Je ne crois pas à la possibilité d’un effondrement soudain et encore moins au scénario d’un krach économique emportant toutes les structures sociales et économiques d’un seul coup. L’avenir de la société industrielle sera orienté par le déclin des ressources et par le coût croissant des mesures pour compenser le recul des divers services rendus par les écosystèmes. Les crises alimentaires découlant des changements climatiques deviendront un enjeu majeur. La transition vers une société post-industrielle est déjà amorcée et sa durée sera de l’ordre d’un siècle environ.