Le Canada, champion des subventions pétrolières par habitant

Selon une étude de Oil Change International et de Friends of the Earth US publiée en mai, les subventions gouvernementales directes à l’industrie des carburants fossiles a augmenté ces dernières années, alors que l’appui aux énergies renouvelables diminuait. Fait intéressant, les États-Unis n’ont pas subventionné leurs carburants fossiles de manière aussi importante. Le pays ayant versé la plus grande masse de subventions est la Chine, tandis que le pays ayant consenti le plus grand effort financier par habitant est de loin le Canada.

Investissements fossiles per capita

De 2016 à 2018, la Chine a versé 24,8 milliards de dollars par année en subventions à son industrie des carburants fossiles – pétrole, gaz et charbon. Au Canada, les subventions ont atteint 10,6 milliards de dollars (américains) par année pour le pétrole et le gaz. La Japon est un joueur important dans ce domaine aussi, puisqu’il a versé 9,5 milliards par année, dont 4,2 dans son secteur du charbon, qui connaît une croissance rapide.

Ces chiffres prennent une tournure différente quand on les calcule en fonction de la population de ces pays. Ainsi, les dépenses américaines sont de l’ordre de 5 dollars par habitant, les chinoises, de 25 dollars et les japonaises, de 80 dollars. Le Canada est de très, très loin en tête de peloton avec des subventions fossiles atteignant plus de 280 dollars par personne et par année.

Ces résultats s’éloignent de ceux de plusieurs autres études internationales, qui mesurent des montants gigantesques. Plusieurs études, en effet, considèrent comme des « subventions » de simples crédits d’impôt pour les investissements (qui sont offerts également à toutes les industries) ou dans certains pays, des prix maintenus artificiellement bas pour permettre aux populations pauvres d’avoir accès à un minimum d’énergie, pour le gaz de cuisson, par exemple. L’étude de Oil Change International utilise une définition beaucoup plus restrictive, qui ne compte comme « subvention » que les montants directement versés aux entreprises produisant des carburants fossiles par l’État et ses organismes publics et parapublics (comme les organismes d’aide au développement économique, les agences d’aide à l’exportation ou les entreprises publiques).

Fossiles vs autres

Évolution des subventions

À l’échelle internationale (pays du G20) la part des subventions attribuée aux énergies propres est en légère hausse (15,6 à 18,5 %) par rapport à période 2013-2015, mais pour le reste, le charbon est en légère hausse aux dépens du pétrole et des « autres » projets énergétiques. La catégorie « Autres » regroupe des formes d’énergie comme l’hydroélectricité (22 % de cette rubrique), le nucléaire (5 %) et la biomasse, ainsi que d’autres projets non fossiles difficiles à classer, comme le transport et la distribution d’électricité (près de la moitié de la rubrique « Autres »).

Évolution 2013 vs 2016

Il est à noter aussi que la Chine, le Canada, la Russie et l’Italie figurent parmi les rares pays du G20 à avoir augmenté leur aide aux énergies fossiles depuis 2013.

En termes de subventions directes aux entreprises, les énergies propres ne reçoivent qu’une toute petite partie du total. Seules l’Allemagne et la France y attribuent plus d’argent qu’aux énergies fossiles. En ce qui concerne les énergies fossiles, l’Australie, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde se distinguent en étant les seuls pays qui subventionnent plus le charbon que le pétrole.

Tendances récentes

La Covid-19 a incité le gouvernement de l’Alberta (Canada) à offrir pour 5,3 milliards de dollars américains d’investissements et de garanties de prêts au projet de pipeline Keystone XL, de même que 1,9 milliard en aide aux puits abandonnés (permettant aux pétrolières de se soustraire à leurs responsabilités). Des crédits de plusieurs milliards de dollars ont également été mis à la disposition des entreprises. En comparaison, les États-Unis n’ont mis que 471 millions de dollars pour aider les petites et moyennes entreprises du secteur pétrolier à rembourser leurs dettes.

Les subventions chinoises aux carburants fossiles ont connu leur sommet en 2016. Les montants pour 2017 et 2018 se rapprochent du niveau de 2013-2015. Elles se caractérisent de plus par le fait que les investissements servent largement à financer de très grands projets dans d’autres pays comme le Brésil, l’Angola et la Russie : 53 % des financements entre 2016 et 2018 se sont partagés entre six projets seulement. Ces investissements massifs tendent de plus à attirer de grandes quantités d’investissements privés. Le gouvernement chinois envoie donc un très mauvais signal au monde financier.

Le Japon est un autre cas problématique. Bien que ce pays reste un joueur de premier plan dans les énergies renouvelables, il a également doublé ses subventions à l’industrie du charbon depuis la période 2013-2016. Le pays prévoit construire 22 centrales au charbon et stimule la production de ce carburant dans d’autres pays comme le Vietnam, le Bangladesh et l’Indonésie. Le pays a récemment reconnu sa « dépendance au charbon » et parle de cesser son appui à cette filière, mais la décision officielle tarde à venir.

Source :

Oil Change international et Friends of the Earth US, Still Digging: G20 Governments Continue to Finance the Climate Crisis

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