En vertu d’une entente signée en 2016, l’Alberta s’est engagée à limiter à 100 millions de tonnes par année les émissions de gaz à effet de serre liés à l’exploitation des sables bitumineux. On a beaucoup critiqué ce seuil, jugé beaucoup trop élevé. Mais il apparaît maintenant que cette « limite » comporte d’importantes échappatoires – l’équivalent des émissions d’un petit pays comme le Costa Rica ou le Nicaragua.
Il existe six catégories d’échappatoires et d’exceptions au plafond de 100 millions de tonnes :
- La cogénération électrique : la production d’électricité effectuée sur place dans les sites miniers, à partir de bitume, ne compte pas dans la limite des 100 mégatonnes. La cogénération pourrait émettre jusqu’à 6 millions de tonnes de CO2 par année dès 2030.
- Production de pétrole primaire : Le pétrole primaire est celui qui suinte naturellement du sable, sans qu’on ait besoin d’utiliser de chaleur pour le séparer. Sa production pourrait atteindre 4 millions de tonnes en 2030.
- Usines de valorisation du bitume : Ces installations transforment le bitume en brut synthétique prêt au raffinage. La construction de nouvelles usines, ou l’agrandissement de celles qui existent déjà, sont exemptés de la limite de 100 mégatonnes, jusqu’à concurrence de 10 millions de tonnes. Les projets déjà annoncés représentent des émissions de 4 millions de tonnes en 2030.
- Toutes les émissions produites en Saskatchewan : Une partie des gisements de sable bitumineux s’étend jusqu’en Saskatchewan. L’exploitation faite dans cette province n’est évidemment pas liée par les engagements de l’Alberta. Cette production pourrait représenter 2 millions de tonnes de CO2 en 2030.
- La « récupération améliorée » : Les projets relevant de cette catégorie ne sont pas sujets à la limite de 100 mégatonnes. Il n’en existe toujours pas de définition et l’Alberta est seule à décider quel projet se qualifie ou non pour cette exception, qui ne comporte aucun plafond d’émissions des CO2.
- Les « projets expérimentaux » : Une autre catégorie non définie et sans plafond. Les projets de flottes de camions sans conducteurs ou d’usines de bitume robotisées pourraient peut-être se qualifier.
Au total, ces échappatoires représentent au moins 16 millions de tonnes de CO2 par année dès 2030, sans compter les deux dernières catégories encore non définies dont on ignore forcément l’impact. C’est l’équivalent des émissions de la Nouvelle-Écosse ou de petits pays d’Amérique Centrale qui échappent à tout contrôle en dépit du fameux plafond d’émissions de 100 millions de tonnes.

Le plus grave, c’est que ce plafond trop élevé, assorti d’échappatoires géantes, annule tous les efforts de réduction des émissions de carbone du Canada. Les sables bitumineux, qui constituent actuellement 22 % du budget carbone canadien pourraient représenter 78 % de toutes les émissions du pays en 2050.
Source :
‘Hard cap’ for oilsands climate pollution has loopholes the size of Nova Scotia
NYOUZ2DÉS: ce texte comporte un mensonge latent: il laisse supposer en arrière plan (par son titre, pour débuter) que si le plafond d’émission de l’Alberta ne comportait pas de trous, cette politique de quotas de CO2 permettrait de sauver le climat (du moins en partie). Totalement faux. Pour sauver le climat il faudrait « éteindre » immédiatement et totalement la civilisation industrielle. Et personne ne veut cela. Il en résulterait des famines mondiales épouvantables. Notre civilisation industrielle va bel et bien s’éteindre bientôt, mais la volonté du genre humain n’y sera pour rien. Il n’existe aucune solution pour sauver le climat, l’environnement, l’économie mondiale, et peut-être même le genre humain. La planète terre est trop petite pour le singe destructeur.
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