L’action des grands groupes environnementaux est peu efficace et doit s’adapter à la nouvelle réalité d’un monde de moins en moins démocratique. C’est du moins ce qu’affirme Tim DeChristopher, cofondateur du Climate Disobedience Center (Centre de désobéissance climatique) aux États-Unis. Pour cet homme de terrain dont le militantisme lui a valu deux ans de prison, il faut miser sur des groupes plus petits, plus intègres et dont l’action locale laisse plus de place à l’expérimentation.
Lors d’une discussion avec Richard Heinberg, du Post Carbon Institute, DeChristopher s’interroge sur l’avenir de la lutte environnementale sous la présidence antidémocratique de Trump – une tendance qui s’observe dans de nombreux autres pays. Ce qui suit résume l’essentiel de son propos.

L’activiste s’attaque d’abord aux grands groupes environnementaux, qu’il accuse de ne pas avoir de stratégie cohérente. Leur action se limite à « envoyer des messages » à des acteurs gouvernementaux qui refusent activement d’écouter. Il doute que les employés des ONG vertes pensent eux-mêmes que de telles mesures puissent avoir un effet.
« Je crois, dit-il, qu’elles sont contraintes par les normes organisationnelles des mouvements sociaux. Ces normes exigent un optimisme et une positivité de tous les instants, ce qui laisse peu de place à une réflexion ouverte sur les erreurs, les changements d’orientation ou l’admission du fait que certains objectifs sont désormais hors de portée. Ces normes définissent aussi le leadership comme savoir ce qu’il faut faire et confier aux gens des actions tangibles et immédiates. »
Il en appelle plutôt à un leadership plus ouvert à l’incertitude, qui pourrait donner à une communauté élargie d’individus les outils nécessaires pour réfléchir et agir dans un contexte d’incertitude et de vulnérabilité. Ce genre de leadership, que propose le Climate Disobedience Center, se manifesterait non pas par le contrôle de la situation, mais par un courage personnel permettant de s’identifier à la situation et d’agir en conséquence.
Tim DeChristopher estime aussi que l’élection de Trump a sérieusement changé la donne en matière de désobéissance civile. Celle-ci fonctionne habituellement en exposant l’écart entre la réalité vécue et la rhétorique bienveillante de l’État. Mais la rhétorique de Trump est brutale et repose sur la transgression des tabous. La répression de la dissidence pourrait renforcer son pouvoir au lieu de le miner.
L’activiste en conclut que la meilleure chance des environnementalistes est de rendre la protestation plus diffuse et plus étendue. Dans un contexte où le consensus et la trame narrative sur la réalité des faits devient plus diffus, les grandes mouvement de protestation ritualisés et centrés sur une seule cause sont appelées à perdre de leur efficacité. Il faut donc selon lui une action de désobéissance civile plus locale, plus diversifiée, regroupant plus de gens et plus portée sur l’expérimentation.
Sources :
The Futility of “Big Green” Activism: A Conversation With Tim DeChristopher
JOURNALISTE: « personnage qui ne connait pas les sujets dont il parle. »
Avec cet article nous restons largement sur notre faim. Il ne faut pas travailler comme un journaliste. Je suis certain que vous avez des opinions intéressantes (et objectives, provenant de vos connaissances) sur les sujets abordés. On aimerait les connaître.
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