Les émissions de CO2 repartent à la hausse en dépit de la pandémie

L’année 2020 a été marquée par une diminution des émissions de CO2 jamais vue depuis la Deuxième Guerre mondiale – en moyenne, sur l’ensemble de l’année. Hélas, selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) cette baisse a été de courte durée et fortement concentrée sur le début de la pandémie, au printemps. Elle s’était complètement résorbée dans les économies émergentes dès la fin de l’été. En décembre 2020, malgré une reprise plus lente dans les pays industrialisés, les émissions mondiales dépassaient déjà de 2,1 % le niveau de 2019. Le répit aura donc été de courte durée et sans conséquences durables.

Émisisons CO2 1990-2020

Données globales

L’année 2020 avait commencé tranquillement : en janvier 2020, les émissions de CO2 étaient déjà en baisse de 6,8 % par rapport à la même date en 2019. L’épidémie commençait à peine et cette diminution était surtout attribuable au temps exceptionnellement doux et à de moindres besoins de chauffage hivernal. La véritable période de chute marquée liée à la pandémie a duré de mars à juin, avec un creux historique de -14,5 % en avril. En juin, les émissions étaient revenues au niveau de janvier (-6,6 %) et en décembre, elles dépassaient de 2,1 % le niveau moyen de 2019. On peut donc considérer que les effets bénéfiques de la crise sur les émissions n’existent déjà plus.

CO2 évolution mensuelle 2020

Sur l’ensemble de l’année, toutefois, la demande en énergie primaire a chuté de 4 %, ce qui s’est traduit par une baisse de 5,8 % des émissions de gaz à effet de serre. Les sources d’énergie les plus polluantes ont souvent été mises à l’arrêt en premier, ce qui explique la différence entre les deux chiffres. En tout, la baisse des émissions a atteint environ deux milliards de tonnes d’équivalent CO2.

La demande mondiale pour les produits pétroliers a diminué de 8,6 % sur l’ensemble de l’année, ce qui a représenté la moitié de la baisse des émissions, soit 1,1 milliard de tonnes de moins que les 11,4 milliards de tonnes d’émissions d’origine pétrolières enregistrées en 2019. Ce recul du pétrole est dû à 50 % à la baisse du transport routier et à 35 % à celui du transport aérien (un secteur plus durement touché, mais aussi plus petit au départ). Les émissions liées au transport aérien ont chuté de 45 %, mais cela ne représente que 265 millions de tonnes de GES. L’AIE ne précise pas la nature des 15 % restants, mais on devine que le transport maritime doit en représenter une bonne partie.

Le secteur de la production d’électricité a été moins affecté que celui des transports par la chute de la demande. La baisse des émissions sur l’ensemble de l’année a été de 3,3 % soit 450 millions de tonnes. La demande pour le charbon a été moins affectée que celle pour le pétrole et n’a été que de 4 % seulement. La part des énergies renouvelables au sens large (incluant notamment la biomasse et l’hydraulique) est passée de 27 à 29 % du total, la plus forte hausse annuelle jamais enregistrée. En 2020, la montée des renouvelables a contribué à la baisse des émissions dans la même proportion que le déclin de la production électrique fossile.

Mix électrique 2010-2020

Si l’on inscrit l’année 2020 dans la longue durée, on note que la part du charbon dans la production électrique mondiale est passée de 40 à 35 % depuis 2010. La part du gaz naturel est passée de 22 à 23 % et celle du nucléaire, de 13 à 10 %. Les énergies renouvelables au sens large, qui ne représentaient que 20 % de l’ensemble en 2010, en représentent aujourd’hui 29 %. L’évolution est donc lente, mais soutenue.

CO2, évolution mensuelle 2020 par pays

Variations régionales

La pandémie a eu des effets différents dans les diverses parties du monde. En moyenne, les émissions des pays industrialisés ont baissé de 10 % en 2020, tandis que celles des pays émergents n’ont diminué que de 4 %. La Chine a été en grande partie épargnée : après une chute brutale de 12 % au début de la pandémie, les émissions chinoises se sont stabilisées à un niveau de 5 % supérieur à celui de 2019 pendant le reste de l’année. Au final, les émissions chinoises ont augmenté de 0,8 % sur l’ensemble de l’année 2020 – une augmentation de 75 millions de tonnes de CO2, inférieure à ce que l’on attendait, mais une augmentation tout de même. En décembre 2020, les émissions chinoises étaient de 7 % supérieures à leur niveau de 2019. La Chine a été la seule grande économie à connaître une hausse nette de ses émissions en 2020.

L’Union européenne a été frappée par un confinement sévère et de nombreuses restrictions, ce qui a entraîné un ralentissement marqué de l’activité économique. Ses émissions totales ont baissé de 10 % par rapport à celles de 2019. La demande en électricité a fortement chuté, ce qui a permis de réduire l’utilisation du charbon de 20 % dans ce secteur. Ce recul du charbon a fait passer la part des renouvelables de 35 à 39 % de 2019 à 2020. La demande de pétrole du secteur des transports a pour sa part baissé de 12 %. En France, pas moins de 60 % de la baisse de 20 millions de tonnes des émissions est liée au déclin de la demande pétrolière. La plupart de ces indicateurs devraient toutefois revenir à la normale dès la fin de la pandémie.

Le confinement a été moins sévère aux États-Unis, mais la pandémie a provoqué une crise économique qui a mené à une baisse des émissions de 10 % sur l’ensemble de l’année soit environ 500 millions de tonnes de CO2. Le secteur des transports a été le plus affecté, enregistrant un recul de 14 %. Ce recul des émissions s’inscrit dans une tendance lourde. La consommation de charbon pour la production d’électricité, par exemple, a chuté de 27 % entre 2015 et 2019 en dépit des efforts de relance de la présidence Trump. Il se peut donc que la baisse de 2020 ne soit pas entièrement résorbée par la relance post-covid.

 

Source :

Agence internationale de l’énergie, Global Energy Review : CO2 Emissions in 2020, 2 mars 2021. 

10 réflexions sur “Les émissions de CO2 repartent à la hausse en dépit de la pandémie”

  1. « La part des énergies renouvelables au sens large est passée de 27 à 29 % du total, la plus forte hausse annuelle jamais enregistrée ».
    Cette analyse me semble biaisée, si ce n’est fausse : il faudrait afficher la production en GWh de chaque source d’énergie, pour voir si la production de renouvelable a augmenté ou non (plutôt qu’une proportion du total).
    Dans un marché où il y a une baisse de la production globale, il est possible que le charbon ait baissé fortement, et le renouvelable soit resté stable en terme de volume de production.
    Ceci ne permet pas de conclure sur une hausse perenne du renouvelable dans le mix énergétique.

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    1. Les chiffres montrent que la puissance installée en 2020 a aussi atteint des niveaux records, après plusieurs année relativement médiocres depuis 2016. Cette hausse de 27 à 29% n’est donc pas seulement reliée à une baisse de la demande permettant de réduire la production d’origine fossile, mais aussi à une hausse marquée de la production d’origine renouvelable.

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  2. TEXTE MÉDIOCRE. Manque flagrant de commentaires et d’analyses de votre part sur le sujet. Il y a manque de chiffres concrets (les pourcentages ne sont pas des chiffres concrets) qui permettraient aux lecteurs de se faire une idée plus juste et précise du sujet (ce que révèle le commentaire de Guillaume). Par exemple, vous mentionnez qu’il y aurait eu une baisse de production de CO2 de 2 milliards de tonnes en 2020 sans dire que la production mondiale en 2019 était de 43,1 milliards de tonnes. Le lecteur ne peut donc se faire une bonne idée de cette baisse qui, par rapport à la production totale mondiale, est insignifiante et ne peut avoir d’impact climatique significatif. La structure du texte est défaillante : en l’absence de commentaires votre texte ne démontre rien. Vous n’avez pas, de toute évidence, les mêmes capacités de vulgarisation qu’un Jean-Marc Jancovici.

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    1. Il serait déplacé de comparer la baisse des émissions pétrolières au niveau des émissions toutes causes confondues. Ce serait comparer des pommes et des oranges. je préfère comparer cette baisse au niveau des émissions pétrolières, comme il se doit :

      «La demande mondiale pour les produits pétroliers a diminué de 8,6 % sur l’ensemble de l’année, ce qui a représenté la moitié de la baisse des émissions, soit 1,1 milliard de tonnes de moins que les 11,4 milliards de tonnes d’émissions d’origine pétrolières enregistrées en 2019.»

      Quant à JMJ, libre à vous de trouver qu’il est un meilleur vulgarisateur. Je trouve pour ma part qu’il donne trop d’interprétations et pas assez de faits. Je préfère laisser mes lecteurs tirer leurs propres conclusions.

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  3. L’expérience du confinement ne fait que confirmer ce que l’on ne veut pas voir, tout s’accélère les ressources diminuent mais les désirs augmentent, au final la pollution est en augmentation constante… la vie des humains sur la Terre est comptée en siècles ? en décennies ?

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  4. j’aimerais bien voir le résultat du couvre feux en France sur les flux de CO2 au printemps et les conséquences . l’origine de ma curiosité étant qu’au printemps , activité le jour d’où forte émission , en partie compensée par l’absorption des plantes . La nuit grosse baisse due au couvre feu dès le couché du Soleil , la terre peut mieux se refroidir => nuit plus fraiche .Si le résultat de cette expérience est positive , je ne serais pas étonné que le couvre feu soit une mesure généralisée à l’avenir dans le cadre de la lutte contre le changement climatique .

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      1. Dans la littérature il est toujours question de la tendance d’une moyenne mondiale . Il n’empêche , comme tout phénomène physique , il y a des effets locaux qui peuvent avoir un comportement légèrement différent . D’ailleurs il est expliqué que le changement sera plus marqué aux hautes latitudes et plus la nuit que la journée . Mon propos , ma question s’inscrit dans cette idée . Quel est le résultat de la mesure locale en France journée vs nuit , de l’évolution du Co2 et de la température suite au couvre feu .

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