Les manifestations prévues en France le 17 novembre canaliseront une grande variété de frustrations, mais qu’en est-il au juste de leur déclencheur, la hausse du prix du carburant diesel? Une comparaison de prix du gazole et de l’essence montre que celui-ci représente encore un aubaine, si l’on tient compte de son contenu énergétique 12 % supérieur à celui de l’essence. Par ailleurs, les données historiques montrent que le prix du carburant demeure raisonnable par rapport au pouvoir d’achat des Français.
Selon les définitions de l’Agence internationale de l’énergie, la densité de l’essence est de 741 kg/m3 et celle du diesel, de 844 kg/m3. Ceci correspond à un contenu énergétique de 9,7 kWh par litre pour l’essence et de 10,7 kWh par litre pour le diesel – le contenu énergétique dépend directement du poids du carburant. En France, la densité autorisée pour le gazole B30 est de 825 à 865 kg/m3 et pour l’essence Super95, elle est de 720 à 775 kg/m3. En pratique, de 1995 à 2016, elle a été en moyenne de 840 pour le gazole et de 750 pour l’essence.
Il en découle deux constats. D’abord, le litre de diesel contient en moyenne 12 % plus d’énergie que le litre d’essence. Il n’y a donc pas de raison pour que les deux produits se vendent au même prix. Ensuite, selon la fourchette de densité autorisée en France, le contenu énergétique d’un litre de diesel peut varier de 8 % d’une station-service à l’autre et celui d’un litre d’essence, de 5 %. Le prix de vente demeure toutefois le même et le consommateur n’a aucun moyen de savoir s’il achète du carburant relativement riche ou pauvre en énergie.
Il faudrait, pour plus de justice, vendre le carburant au poids plutôt qu’au volume. À volume égal, le gazole, qui contient 12 % plus d’énergie que l’essence, devrait donc se vendre 12 % plus cher.
Le rapport de prix gazole/essence était de 0,66 en 1988. Il atteint maintenant 0,95. C’est encore loin d’un rapport équitable, qui devrait être de 1,12. Si le prix de l’essence atteint 1,66 €/l en 2020, comme prévu, il faudrait pour respecter ce rapport de 1,12:1 que le prix du gazole soit fixé à 1,86 €/l, alors que les hausses prévues ne le porteront qu’à 1,68 €/l. L’acheteur de diesel peut bien se plaindre de la hausse, mais le prix qu’il paiera sera encore une aubaine par rapport à la valeur réelle du produit.
Quelques points de repère historiques
Étrangement, si le carburant est débité au volume, l’industrie pétrolière française calcule depuis 1938 sa production au poids, ou plus précisément en mégatonnes (Mt). Les données de consommations ne sont publiées en mètres cubes que depuis 1995, de sorte qu’on ne peut pas calculer la densité moyenne des carburants en France avant cette date. La consommation d’essence en France a culminé en 1988 à 18 Mt. La consommation de diesel a dépassé celle de l’essence en 1990 et a atteint un sommet de 35 Mt en 2015.
En termes de pouvoir d’achat, une heure de SMIC permettait d’acheter 6 litres de gazole en 1985, près de 10 litres en 1993 et 7 litres en 2017. Pour acheter un baril de brut, il fallait travailler 3 heures en 1970, 10 heures en 1980, 2 heures en 1998 et 6 heures en 2018. La situation semble donc meilleure en ce moment qu’en 1985 et se situer dans la bonne moyenne depuis 1970. La part des carburants dans la consommation des ménages français est d’environ 4 % depuis 1970, avec un pic à 4,5 % en 1985.
Toutes ces données sont tirées d’un texte publié hier par le géologue pétrolier Jean Laherrère. Son texte est long et assez touffu, mais j’invite le lecteur curieux de ces questions à le consulter.
Source :
Jean Laherrère, Hausse relative du prix des carburants en France (5 novembre 2018)
Énergie et environnement 
Punaise , ça fait du bien parce qu’il y a 30 ans que je dis autour de moi qu’il n’y a aucune raison valable de payer moins cher le diesel que l’essence !!
La question restant : pourquoi nos géniaux décideurs ont-ils choisi de taxer les carburants de cette stupide manière ?
Je n’ai jamais trouvé de réponse satisfaisante à cette question …
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Merci
Intéressant de revenir aux données physiques de base
Dans les ordres de grandeur étonnants notons aussi qu 1m2 de panneau solaire produit en moyenne de quoi rouler 1000km/an (si on roule a l’électrique bien sur). Donc pour faire les 12 000 km moyens des français il suffit de 8 panneaux (1,6m2).. étonnant
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Je serais curieux de voir par quel calcul vous arrivez à cette conclusion. Disons que je suis sceptique, ces chiffres paraissent bien théoriques.
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Merci pour ce bel article. J’ai pu tester un boitier additionnel sur mon véhicule diesel et outre le gain de puissance et de couple annoncé, j’ai bien une baisse de ma consomation de carburant (-1L./100km).
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