Vers un retour du charbon en Inde?

On vante souvent les efforts de l’Inde pour accroître sa production d’électricité décarbonée, que ce soit au moyen du nucléaire ou des énergies intermittentes. Mais les plus récentes nouvelles montrent que l’Inde vient de réduire ses aspirations nucléaires des deux tiers et que son programme PV/éolien a connu d’importants ratés en 2017. Dans un contexte de demande électrique en croissance rapide, le charbon risque de prendre le relais ces prochaines années.

Lors de sa visite en Inde en mars dernier, le président français Emmanuel Macron a signé une entente pour la construction de six réacteurs nucléaires par AREVA. Certains y ont vu un signe de bonne santé du programme nucléaire indien, mais il semblerait que l’Inde a récemment réduit ses ambitions pour 2031 de 63 000 à 22 480 MW de capacité installée seulement. Cet objectif de 63 000 MW avait été fixé en 2015. Environ 13 480 MW sont déjà opérationnels ou devraient l’être d’ici 2024.

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Situation du nucléaire et du charbon en Inde.

Les raisons de cette révision des objectifs n’ont pas été formellement évoquées, mais les observateurs pensent que la filière nucléaire indienne manque de financement, que l’industrie manque de capacité technique pour soutenir un rythme de déploiement élevé et qu’il manque de travailleurs qualifiés pour construire et faire fonctionner autant de centrales. L’Inde visait environ 25 % d’électricité nucléaire. Les nouveaux objectifs limiteront cette part à 8 ou 10 %.

Par ailleurs, un récent rapport sur le progrès des énergies renouvelables dans le monde réalisé par une équipe allemande montre que l’Inde a rencontré des ratés dans ce secteur en 2015. Les investissements de ce pays figurent toujours au quatrième rang mondial, à 10,9 milliards $ en 2017. Mais ce montant représente une baisse de 20 % par rapport à 2016. Les investissements en photovoltaïque ont dominé, avec des investissements de 6,7 milliards (+3 %) mais ceux en éolien ont plongé à 4 milliards, une baisse de 40 % par rapport à 2016. Ce niveau d’investissement ne permettra pas d’atteindre l’objectif de 100 GW d’énergie solaire fixé pour 2022.

L’effet de ces reculs risque de forcer l’Inde à miser une fois de plus sur le charbon, qui assure déjà près des deux tiers de la production électrique nationale. La tentation sera d’autant plus forte que l’Inde détient la cinquième plus importante réserve de charbon au monde – 61 milliards de tonnes, soit 7 % des réserves mondiales connues. L’Inde est actuellement le troisième producteur mondial de charbon et sa consommation représente déjà 8 % du total mondial.

Le recul du programme nucléaire indien, couplé à d’importants retards dans le programme d’électricité renouvelable, pourrait donc sérieusement nuire aux efforts mondiaux de lutte contre les gaz à effet de serre au cours des prochaines années.

Sources :

 

2 réflexions sur “Vers un retour du charbon en Inde?”

  1. NYOUZ2DÉS: c’est pourquoi je qualifie de blague  » l’accord mondial pour réduire les émissions carbone du transport maritime ». Tant que l’Inde, la Chine, l’Australie, l’Allemagne, etc. ne fermeront pas totalement leurs centrales au charbon (ce qui est impensable: ils ne cesseront jamais de produire de l’électricité volontairement), les réductions de CO2 d’autres provenance seront sans valeur. Sans compter qu’il est trop tard: le CO2 émis par notre civilisation industrielle restera plus de 1000 ans dans l’atmosphère. Ce serait comme essayer d’écoper (vider l’eau) du Titanic avec un dé à coudre en se disant « hourra! on va y arriver ».
    (Commentaire publié sur: articlesdujour.com/

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    1. à l’heure des « gilets jaunes » comment faire croire que la France pourrait à elle seule « refroidir » la planete ? c’est un peu le roman que certains voudraient nous vendre (très cher).
      Que l’on soit moins dépendant de cet or noir vendu par certains régimes pas toujours démocratiques ca je peux l’entendre mais l’argument de « fin du monde » non ! sans parler de pouvoir d’achat et compétitivité de notre économie.

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