Quelle est la situation de l’industrie du pétrole et du gaz de schiste aux États-Unis? Les technologies de forage ont-elles réellement permis d’accroître les réserves? La production pourra-t-elle longtemps se maintenir au niveau actuel? Le Post-Carbon Institute, un organisme américain indépendant s’intéressant aux enjeux pétroliers et à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, a publié au début de février une étude détaillée sur la situation. Ses conclusions contredisent les discours rassurants du gouvernement américain.
Bien que l’exploitation des schistes ait permis une augmentation massive de la production américaine de pétrole et de gaz naturel, ces résultats ont été acquis au terme d’efforts considérables et continus. Ces puits ne durent pas et se vident à 70-90% en moins de trois ans. Quant aux champs pétroliers, leur production diminuerait de 20 à 40 % par année si on ne forait pas sans cesse de nouveaux puits.

Les sites avant la technologie
La technologie, en particulier la technique des forages horizontaux et une meilleure maîtrise de la fracturation hydraulique, a joué un rôle important dans l’exploitation de ces gisements marginaux. Mais une analyse serrée montre que le choix des sites de forage a davantage joué que la technologie dans la hausse de la productivité. Autrement dit, si la production augmente, c’est surtout parce que l’industrie s’est concentrée sur les secteurs les plus productifs.
Mais ces sites « rentables » n’existent pas en nombre illimité. Certaines régions pétrolières ont vu leur productivité décliner en 2017. Pourtant l’EIA – l’agence américaine d’information sur l’énergie – mise sur ces « bons sites » pour soutenir la croissance de la production jusqu’en 2050. L’étude du Post-Carbon Institute montre que ces projections se fondent sur des évaluations beaucoup trop optimistes des réserves, qui montrent déjà un certain essoufflement.
Des coûts astronomiques
Les problèmes de rentabilité de l’industrie ne sont pas près de s’estomper. Dans son scénario pour la période 2015-2050 l’EIA évalue qu’il faudra forer 1 720 000 puits de pétrole et de gaz de schiste (sans compter les puits conventionnels). Au coût moyen de 8 millions $ par puits, ceci représente une dépense de 9 500 milliards $. Compte tenu des dépenses élevées et du nombre limité de sites vraiment productifs, le Post-Carbon Institute doute que tous ces puits puissent vraiment être forés.
Source :
Shale Reality Check, http://www.postcarbon.org/publications/shale-reality-check/