Sommes-nous vraiment en train de gagner la lutte contre les énergies fossiles? Il ne se passe pas une journée sans qu’on nous annonce d’importants investissements dans le secteur des renouvelables. Les chiffres qu’on nous lance sont souvent impressionnants. Mais au-delà de ces effets d’annonce, notre société sera-t-elle vraiment 100 % décarbonée – aux niveaux actuels de consommation – d’ici 2050, à temps pour sauver le climat? Rien n’est moins sûr.

Les données de l’Agence internationale de l’énergie, ci-dessus, semblent à première vue rassurantes. Nous avons bel et bien multiplié par huit notre production d’électricité propre depuis le début du siècle. Mais un examen plus attentif du tableau montre qu’en quantité, la production d’électricité à partir d’énergies fossiles augmente toujours plus vite que celle à partir d’énergies propres. Autrement dit, la croissance des renouvelables ne permet même pas de mettre fin à celle des énergies fossiles.

De plus, les données de l’agence négligent un détail important : elles ne couvrent que l’électricité, qui ne représente que 17 % de l’énergie consommée dans le monde. Si l’on tient compte de tout le secteur de l’énergie, on constate que le recul des énergies fossiles est d’une infinie lenteur. Leur part est passée de 88 % en 1990 à 86 % en 2015, soit un recul de moins de 1 % par décennie.

À ce rythme, l’échéance de 2050 apparaît impossible à respecter. En fait, selon le chercheur Ugo Bardi, de l’Université de Florence, il faudrait multiplier par cinq le taux actuel d’investissement dans les renouvelables pour avoir une chance d’y parvenir. Malheureusement, en dépit de toutes les annonces dans le secteur, les investissements réels piétinent depuis 2010, comme le montrent les données de Bloomberg ci-dessus.
Autrement dit, nous sommes en train de rater de la cible – et de beaucoup. L’échec prévisible de la transition énergétique signifie-t-il que nous allons retourner au Moyen Âge? Pas du tout. Mais il signifie que la majorité d’entre nous n’aura plus accès à autant d’énergie qu’aujourd’hui et que toute notre société devra apprendre à vivre plus sobrement, dans un contexte climatique difficile.
Source :
Ugo Bardi, The Energy Transition: Too Little, Too Late https://cassandralegacy.blogspot.ca/2017/12/the-energy-transition-too-little-too.html
C’est très simple : les énergies dites « alternatives » sont absolument _incapables_ d’assurer le niveau/mode de vie des habitants des pays industrialisés.
Et comme personne n’a envie de retourner vivre comme il y a un siècle…
Réponse de Etienne Klein, physicien français:
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BEl article mais attention à ne pas confondre « capacité installée » et production d’électricité. En moyenne annuelle, 1 GW de solaire ou éolien produira entre 3 et 4 fois moins d’électricité qu’une centrale à charbon ou nucléaire !
Sans révolution technologique dans les batteries cela parait effectivement compliqué de s’abbroger à moyen terme du « tout pétrole et gaz » 😦
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Exact. Le corollaire, auquel on ne réfléchit pas assez, c’est que les grandes pointes d’électricité (grands vents, solaire de midi) génèrent des surplus qui sont souvent perdus parce qu’on a pas l’usage en temps voulu.
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