Les émissions mondiales de CO2 repartent à la hausse

En 2017, la croissance de la production énergétique mondiale a été dominée par les carburants fossiles, notamment par un retour en force du charbon. En conséquence, les émissions de CO2, qui étaient assez stables depuis trois ans, ont augmenté de 1,4 % l’année dernière. Il s’agit là des principaux constats du nouveau rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (IEA) sur le statut mondial de l’énergie et des émissions de gaz carbonique, qui montre une dégradation de presque tous les indicateurs.

EIA énergie 2017

La demande mondiale d’énergie au augmenté de 2,1 % en 2017 selon les estimations préliminaires de l’IEA, soit le double du taux de croissance enregistré en 2016. La demande a atteint 14 050 millions de tonnes d’équivalent pétrole (TEP) en 2017, alors qu’elle n’était que de 10 035 TEP en 2000. Les carburants fossiles ont fourni 70 % de la production additionnelle en 2017, contre le quart pour les renouvelables et 2 % à peine pour le nucléaire. Les carburants fossiles représentent encore 81 % de la production mondiale d’énergie, un chiffre qui est stable depuis près de 30 ans.

EIA pétrole

Le pétrole a vu sa demande augmenter de 1,6 %, soit le double du taux annuel moyen enregistré depuis dix ans et davantage que la croissance moyenne entre 1985 et 2005. Ceci représente une hausse de 1,5 million de barils par jour. Près de 60 % de cette nouvelle demande en pétrole vient de l’Asie, mais la forte demande de l’industrie pétrochimique a aussi joué, surtout aux États-Unis. L’IEA note que la popularité des gros véhicules à essence annule les gains obtenus du côté des véhicules électriques.

La demande de gaz naturel est en hausse de 3 % en 2017 – le double de la croissance annuelle de 1,5 % observée ces cinq dernières années. La Chine compte à elle seule pour 30 % de cette augmentation, notamment en raison de sa politique de fermeture de centrales au charbon. Toutefois, si la production d’électricité était le principal moteur de la demande ces dernières années, 80 % de la croissance de 2017 est allée vers l’industrie manufacturière et le chauffage des immeubles.

EIA charbon

Alors que l’usage du charbon avait diminué en 2015 et 2016, l’AIE observe une croissance de 1 % en 2017. Détail inattendu, cette hausse de la demande est entièrement alimentée par la production d’électricité – y compris en Chine, dont les centrales au charbon ont consommé 6 % plus de carburant que l’année précédente. La demande a toutefois baissé de 1,6 % aux États-Unis et de 0,5 % dans l’Union européenne.

Bien que leur contribution à la croissance de la production énergétique mondiale ait été modérée, les énergies renouvelables restent le secteur ayant connu la plus forte croissance en 2017, soit 6,3 %. La Chine a représenté à elle seule 40 % de la croissance de l’éolien du photovoltaïque. L’Europe, le Japon et la Chine représentent ensemble 82 % de la croissance de l’énergie issue de la biomasse. Les renouvelables (principalement l’hydroélectricité et la biomasse) représentent maintenant 25 % de la production électrique mondiale.

EIA électricité

La demande d’électricité a augmenté de 3,1 % en 2017, un rythme d’augmentation dépassant celui de la demande mondiale d’énergie. La croissance a atteint 6 % en Chine et 12 % en Inde. Les économies industrialisées n’en représentent que 10 %. Les énergies renouvelables ont apporté près de la moitié de la nouvelle production électrique en 2017, mais le retour du charbon en a apporté un tiers. La part du charbon dans la production totale d’électricité s’est accrue de 3 % en 2017.

En conséquence de ce qui précède, les émissions de CO2 ont augmenté de 1,4 % dans le monde en 2017 et ont atteint un record historique de 32,5 milliards de tonnes. L’IEA note qu’il s’agit de l’équivalent des émissions de 170 millions de nouvelles voitures. La tendance n’est toutefois pas universelle. La part croissante des renouvelables a permi aux États-Unis de réduire leurs émissions de 0,5 %. Elle a aussi permis à la Chine de contenir la croissance de ses émissions à 1,7 %. Toutefois, les émissions de l’Europe ont augmenté de 1,5 % – davantage que la moyenne mondiale. Dans l’ensemble, l’Asie est responsable des deux tiers de la croissance des émissions de CO2.

 

Source :

IEA, Global Energy & CO2 Status Report 2017

 

5 réflexions sur “Les émissions mondiales de CO2 repartent à la hausse”

  1. Excellent papier. Je suis allé en Chine à Shanghaï à Noël et fut estomaqué d’observer leur consommation d’énergie.
    La vision long terme couplée à une gouvernance forte pernet d’implémenter une politique qui semble cohérente. La Chine construit en ce moment 15 tranches nucléaires et en planifient au total 55, afin de décommissioner leurs 1500 unités au charbon. Au 31 décembre, quant le niveau de pollution de l’air était de 40 à Zürich, il était de 287 à Shanghaï. C’est un autre indicateur de consommation d’énergie qui montre les défis titanesques auxquels nous sommes confrontés.

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  2. Bon article mais y a une coquille au début « Les carburants fossiles représentent encore 81 % de la production mondiale d’électricité, un chiffre qui est stable depuis près de 30 ans. »

    81% de la dissipation d’énergie primaire,

    pour la prod d’électricité c’est 65% en 2017 si je comprends bien votre graphique.

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