Bassin Permien : un déclin annoncé

Un graphique publié aujourd’hui par The Energy Bulletin Weekly illustre la montée fulgurante des forages horizontaux et de la production de pétrole de schiste dans le bassin Permien, au Texas. Mais il montre aussi les lents effets de la déplétion pétrolière sur le nombre de puits depuis 2015 et donne une mesure de ceux de la pandémie sur la production dans cette région. Bien que le recul de la production soit assez modeste en quantité, ce coup de frein très brusque suggère que cette région a dépassé son pic.

Le bassin Permien, au Texas, est la principale zone productrice de pétrole de schiste aux États-Unis et a aussi une longue tradition de production conventionnelle. C’est aussi la zone de production de pétrole de schiste dont la production s’est le mieux maintenue depuis 18 mois. Eagle Ford (également au Texas) et surtout Bakken (au Dakota du Nord) connaissent actuellement un déclin prononcé.

Forages Permien

Le graphique montre l’évolution de la production pétrolière depuis 1990 en la répartissant entre deux techniques de production : les forages verticaux (le classique forage vers le bas) et les forages horizontaux (où le forage, d’abord vertical, fléchit pour devenir horizontal et récolter plus de pétrole sur la superficie d’une nappe mince). Les forages horizontaux sont le plus souvent utilisés en conjonction avec la fracturation hydraulique dans la production de pétrole de schiste, bien qu’il soit aussi possible de les utiliser en production conventionnelle.

Ce qui est intéressant, aussi, c’est de voir que le nombre de puits en activité a atteint son sommet vers 2015 et qu’elle est en lent déclin depuis, tant pour les puits verticaux qu’horizontaux. Beaucoup de puits en voie d’épuisement et peu rentables ont été fermés à cette époque pour limiter les dépenses en contexte de baisse du cours du pétrole. Les puits verticaux ont été particulièrement touchés, mais même les puits horizontaux n’ont jamais retrouvé leur niveau de 2015.

Ceci n’a pas empêché la production d’augmenter encore un moment, mais cela montre qu’en dépit de chiffres de production qui ont continué à progresser de 2015 à 2019, la déplétion pétrolière est à l’œuvre depuis longtemps dans cette région. Compte tenu du lent déclin du nombre de puits, il est peu probable qu’on puisse revenir au niveau de production pré-covid.

Source :

Tom Whipple et Steve Andrews, The Energy Bulletin Weekly, 29 mars 2021

2 réflexions sur “Bassin Permien : un déclin annoncé”

  1. Intéressant l’article en lien « épuisement accéléré du schistes au Texas » de 2018.

    Dans le Permien, la prévision de l’EIA était de 2,5 M de barils en 2020, alors qu’il a été extrait plus de 4 millions en réalité !

    Alors de deux choses l’une :
    – Les réserves sont toujours les même, la chute va donc être très brutale dans les prochaines années
    – La technologie et les capitaux permettent de repousser les limites toujours plus loin, au delà même des perspectives souvent optimistes de l’EIA

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    1. Bonne question. Je pence nettement en faveur de la première explication: l’exploitation brutale sera suivie d’une chute plus rapide que prévu. Il faut aussi voir les données hebdomadaires: la production était de l’ordre de 4,8 mbj en février 2020 et de 4,2 ou 4,3 en ce moment. Les raisons sont en partie géologiques – il reste moins de bons sites – et en partie financières: le manque de rentabilité de cette activité rend les fonds plus difficiles à trouver.

      Cet article pré-covid montre qu’il y avait déjà de sérieux doutes au sein même de l’industrie: https://www.desmogblog.com/2020/02/03/peak-permian-oil-production-schlumberger

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