Chute de 95 % de l’exploration pétrolière américaine

On sait déjà depuis un moment qu’à l’échelle mondiale, les découvertes de pétrole sont en déclin continu en dépit d’investissements toujours plus élevés. Mais ce qu’on sait moins, c’est que l’exploration est en chute libre aux États-Unis. Le nombre de forages d’exploration diminue chaque année et ne représente plus que 5 % du sommet atteint en 1981. Autrement dit, une fois le pétrole de schiste épuisé, il y ne restera pas grand-chose pour prendre la relève.

US Exploration wells

Selon des données compilées par le géologue pétrolier Jean Laherrère à partir des statistiques de l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), l’exploration pétrolière a connu deux pics aux États-Unis. Le premier a eu lieu au milieu des années 1950, avec un peu plus de 16 000 forages. Le second, le plus important, date de 1981, année où l’on a foré 17 573 puits d’exploration. Ce nombre n’était plus que de 847 en 2017.

Autre chiffre encore plus révélateur : la diminution des NFW. Ces new field wildcats sont des puits d’exploration forés dans des zones n’ayant encore jamais produit de pétrole, en opposition aux puits d’exploration forés simplement pour aider à mieux délimiter les secteurs pétroliers déjà connus (lignes rouge et verte du graphique). Les NFW sont eux aussi en baisse de 95 %, passant de 9 151 en 1981 à seulement 450 en 2017. « Cela signifie que les États-Unis ont été explorés pratiquement au complet depuis 1859, explique Laherrère. Il ne reste que quelques zones offshore. »

À titre de comparaison, le nombre de puits d’exploitation (utilisés pour pomper du pétrole dans des champs déjà connus) était de 646 626 en 1985, de 597 281 en 2014, et de 560 996 en 2017. Près de 400 000 de ces puits sont toutefois très anciens et produisent à un rythme marginal – moins de 15 barils par jour et parfois aussi peu qu’un seul. C’est ce qu’on appelle un puits marginal dans le graphique ci-dessus.

US producing fields

On constate que le nombre de puits en exploitation, une statistique parfois utilisée pour suggérer que l’industrie pétrolière se maintient à un niveau élevé, ne rend pas compte de la chute brutale de l’activité d’exploration. Une fois que la production de pétrole de schiste entrera en déclin à son tour, il n’y aura plus beaucoup de réserves pour soutenir la production américaine.

Source :

Jean Laherrère, Updated US primary energy in quad (30 avril 2019)

4 réflexions sur “Chute de 95 % de l’exploration pétrolière américaine”

  1. L’analyse pourrait etre pousse un peu plus loin… Ca ignore la hausse en productivite (grace a la technologie) de chaque puit. C’est assez drastique! J’imagine aussi que les techniques d’exploration ont beaucoup change depuis les annees 50. Probablement, on a plus de success derriere chaque puit explorateur qu’on avait auparavant, encore une fois du a des nouvelle techniques comme le 3D seismic mapping. L’exploration se fait de facon differente qu’avant et la production aussi. https://www.kansascityfed.org/publications/research/eb/articles/2019/drilling-productivity-what-lies-beneath

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    1. La productivité de chaque puits est en théorie un peu plus élevée qu’avant, mais ce n’est pas le jour et la nuit. On peut passer de 35 à 50% en moyenne, mais ce n’est pas assurée, Il faut idéalement que cela ait été prévu dès le lancement du puits et cela exige des capitaux importants qui ne sont pas toujours disponibles. Les Mexicains ont appliqué beaucoup de technologie sur Cantarell, ce qui a soutenu la production un moment au prix d’un déclin final beaucoup plus rapide. C’est souvent ce qui se produit.

      Les techniques d’exploration sont meilleures qu’avant, c’est vrai, mais elles portent sur des cibles de plus en plus médiocres, de sorte que le nombre de puits secs reste élevé. De manière générale, les meilleures techniques d’exploration ne trouvent pas vraiment plus de nouveaux gisements, elles permettent de mieux caractériser les gisements découverts et de les forer de manière plus précise.

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