Pourquoi la production de pétrole se mesure-t-elle en barils? La réponse n’est pas évidente, surtout compte tenu du fait que le baril n’est une unité de mesure officiellement reconnue ni dans le système métrique ni dans le système américain. Pourtant, le baril apparaît très tôt dans l’histoire pétrolière et demeure la référence dans la mise en marché du pétrole, même si la production, elle, se mesure le plus souvent en mètres cubes ou en tonnes!
L’origine du baril remonte aux années 1860, lors du premier boom de l’industrie pétrolière en Pennsylvanie. Les producteurs utilisent alors tout un éventail de barils de bois d’une capacité de 30 à 50 gallons pour livrer le pétrole. La plupart de ces barils sont recyclés et ont auparavant contenu du poisson, de la mélasse ou de la bière. L’un des plus courants est le baril de whisky de 40 gallons – eh oui, le pétrole de l’époque était vieilli en fûts de chêne!
Ce manque de normalisation complique le commerce et dès 1866, les producteurs de pétrole de Oil Creek, en Pennsylvanie, s’entendent sur un baril commun de 40 gallons, plus deux gallons de bonus pour compenser les erreurs de mesure, ainsi que les fuites et l’évaporation pendant le transport. En 1872, la jeune Association des producteurs de pétrole fait du baril de 42 gallons son unité de mesure officielle, une décision qui est suivie par le Bureau américain de statistique en 1880, puis par l’Institut d’études géologiques et le Bureau de mines en 1882.
Un gallon américain vaut 3,7 litres – à ne pas confondre avec le gallon impérial (anglais) qui en vaut 4,5. Un baril vaut donc 159 litres et pèse près de 140 kilos. On pense que cette mesure s’est imposée parce qu’il s’agissait de la masse maximale qu’un homme pouvait manipuler en pratique. On peut aussi noter que le baril de 42 gallons américains (ou 35 gallons impériaux) est une unité traditionnelle de mesure du vin utilisée en Angleterre depuis le Moyen-Âge. Avant l’or noir, il y a eu l’or rouge!
Le pétrole, un produit difficile à mesurer
On pourrait penser que les mesures métriques, en tonnes ou en mètres cubes, sont plus rationnelles. En fait, la densité du pétrole varie considérablement d’un gisement à l’autre. Une tonne de pétrole brut représente donc de 6 à 8 barils, selon le cas. Après raffinage, une tonne de diesel représente environ 6,1 barils, une tonne de brut, 6,5 barils et une tonne d’essence, 7,9 barils.
Mesurer en mètres cubes comporte aussi ses périls. Un mètre cube représente en principe 6,3 barils, mais le taux de conversion exact dépend de la densité du produit et de sa température. Les propriétés variables du pétrole et la difficulté de le mesurer sont l’une des raisons pour lesquelles les comptabilités mondiales de la production sont si imprécises.
De plus, le contenu en énergie d’un baril de brut peut varier d’environ 20 % d’un gisement à l’autre. Les pétroles lourds possèdentt un plus grand contenu énergétique que les bruts légers. Une fois distillé, le baril de pétrole « moyen » de 159 litres livrera environ 76 litres d’essence, 45 litres de diesel et 15 litres de carburant d’aviation, les condensats et l’asphalte formant le reste.
Il faut enfin noter que le baril de pétrole, utilisé partout dans le monde, n’est nulle part une unité de mesure officielle – pas même aux États-Unis. Le système américain comporte bien un « baril liquide » officiel, mais sa capacité n’est que de 31,5 gallons. C’est pourquoi, dans ses documents, l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) est obligée de préciser qu’elle parle de barils de 42 gallons. En dépit d’un siècle et demi d’usage, il n’existe aucun symbole officiel pour désigner le baril, qui est noté b, bl ou bbl selon le cas.