Qui a clandestinement repris la production du CFC-11?

Le CFC-11 fait un retour aussi inattendu que préoccupant. Cet aérosol, interdit par le protocole de Montréal en 1987, est l’un des chlorofluorocarbones responsables de la destruction de la couche d’ozone. Or, sa concentration dans l’atmosphère ne diminue pas aussi vite que prévu depuis 2012, selon les travaux d’une équipe de recherche dirigée par Stephen A. Montzka, de la NOAA. Ceci ne peut avoir qu’une seule explication : quelqu’un, quelque part, a clandestinement et massivement repris la production.

Le CFC-11 appartient au groupe des chlorofluorocarbones, une catégorie de produits chimiques utilisés à partir des années 1930 comme aérosols, solvants et réfrigérants. Vers 1970, le chimiste britannique James Lovelock (à qui l’ont doit aussi l’hypothèse de Gaïa) a constaté leur remarquable persistance dans l’atmosphère et a postulé que leur destruction ne pouvait avoir lieu que dans la stratosphère. Ceci a été confirmé, en 1985, par la découverte du fameux « trou » dans la couche d’ozone. La communauté internationale a réagi avec énergie en adoptant dès 1987 le protocole de Montréal interdisant les CFC.

CFC 1980-2020

Cet exemple unique de mobilisation internationale en faveur de l’environnement a donné des résultats, puisque les taux atmosphériques de CFC ont diminué tout le long des années 1990 et 2000, permettant à la zone d’ozone de se rétablir en partie. Mais les chercheurs ont observé que le rythme de diminution ralentit depuis 2012 à peu près. Seule explication possible : il existe une nouvelle source de CFC-11, ce qui revient à dire que quelqu’un en a repris la production en secret.

Un examen minutieux des données laisse penser que ces émissions de source clandestine sont de l’ordre de 13 000 tonnes par année et qu’elles émanent de l’est de l’Asie. Mais pour le reste, les chercheurs se perdent en conjectures. Il existe des alternatives efficaces et bon marché au CFC-11 et on imagine mal quel pourrait être aujourd’hui le marché pour ce produit illégal.

L’accusation est grave et aura des conséquences politiques. Le Secrétariat de l’ozone, un organisme des Nations-Unies responsable de l’application du protocole de Montréal, entend bien trouver le coupable, car la crédibilité de l’institution en dépend. L’utilisation d’avions équipés de détecteurs a été évoquée. En plus de détruire la couche d’ozone, le CFC-11 est aussi un puissant gaz à effet de serre. Par contre, le protocole est non punitif et la solution passera sans doute par une négociation avec le coupable.

« Je fais ces mesures depuis plus 30 ans et c’est la chose la plus étonnante que j’aie pu observer », a déclaré Stephen Montzka. Le chercheur et son équipe soulignent que l’incident montre qu’on ne peut tenir la réglementation environnementale pour acquise et que la surveillance est essentielle au maintien de la conformité. Et les satellites ne suffisent pas : il faut aussi des réseaux de mesure in situ, sans quoi il est difficile de déterminer le point d’émission des polluants.

 

Sources :

 

2 réflexions sur “Qui a clandestinement repris la production du CFC-11?”

  1. Bonjour,
    On a la réponse maintenant selon une récente d’une association américaine : la Chine continuerait à produire ces composésites dans une vingtaine d’usine pour la production de mousse isolante.
    Par contre quelles ont été les réactions des autorités chinoises suite à ces révélations ?

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    1. Les autorités chinoises ont promis de répondre vigoureusement et je crois qu’elles vont le faire – elles sont assez sérieuses dans leur volonté de réduire leurs émissions de GES, en dépit des ratés qu’elles rencontrent.

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