L’exploitation gazière fait bondir les émissions de gaz à effet de serre

Une nouvelle étude vient confirmer que l’exploitation du gaz naturel, et celle qui repose sur la fracturation hydraulique en particulier, fait bondir les émissions de gaz à effet de serre. Selon l’Envirionmental Defence Fund, les fuites de méthane liées aux puits forés par fracturation représenteraient des émissions équivalant à celles de 11 centrales électriques au charbon, et ce, en Pennsylvanie seulement.

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Ces constats s’ajoutent aux résultats de nombreuses études publiées depuis 2011 qui montrent que le gaz naturel n’est aucunement un carburant propre. Il émet moins de gaz carbonique à la combustion, certes, mais cet atout est annulé par les fuites qui surviennent pendant sa production et sa distribution. Si les pertes dépassent environ 3 %, le gaz naturel tend à devenir plus polluant que le charbon, parce qu’il contient environ 80 % de méthane, un gaz à effet de serre 86 fois plus puissant que le CO2.

En novembre 2017, une autre étude réalisée au Nouveau-Mexique concluait que l’industrie pétrolière y libérait autant de gaz à effet de serre que 12 centrales au charbon, toujours à cause des fuites de méthane. En janvier 2018, un étude de la NASA estimait que la forte augmentation de la teneur en méthane de l’atmosphère terrestre ne résultait pas de la fonte de l’Arctique, mais de l’activité de l’industrie pétrolière. L’agence précisait que ces fuites de méthane étaient « substantiellement plus importantes » que ce l’on croyait jusqu’ici.

Bien qu’ils aient reçu peu d’échos dans la presse, les doutes entourant les bénéfices écologiques du gaz naturel ne datent pas d’hier. En 2014 déjà, une équipe de chercheurs signalait que même si le taux de fuite pouvait miraculeusement être réduit à zéro, le gaz naturel serait quand même néfaste pour la lutte aux changements climatiques, parce que les projets gaziers se substituent le plus souvent à des projets éoliens ou solaires qui seraient beaucoup moins polluants. En d’autres termes, l’effet net du gaz naturel serait de retarder l’adoption de formes d’énergie plus propres!

Sources :

 

 

6 réflexions sur “L’exploitation gazière fait bondir les émissions de gaz à effet de serre”

  1. A reblogué ceci sur Journal d'un jeune écologisteet a ajouté :
    Face au changement climatique, la nécessité de réduire notre consommation de pétrole et de charbon ne fait plus de doute. Cependant, certains -parmi les politiciens et les énergéticiens- estiment que se passer de ces énergies fossiles nécessiterait d’augmenter la production de gaz naturel pour accompagner les énergies renouvelables… en laissant croire que c’est une source d’énergie « durable ». Mais derrière cette idée reçue et cette manipulation intellectuelle se cache une réalité bien différente.

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    1. Contrairement à ce que vous semblez croire, le gaz comme complément aux énergies intermittentes que sont le solaire et l’éolien n’est pas une lubie, mais précisément une nécessité, du fait de l’intermittence à gérer. Le gaz se révélant ainsi « la moins pire » (du point de vue des émissions de CO2) énergie pilotable – or nucléaire – pour palier la déficience prévisible des intermittents à intervalle non régulier. C’est structurel, non conjoncturel.

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      1. La gaz s’impose comme complément des énergies intermittentes, oui, mais son réputation de «moins pire» du point de vue des émissions est hélas largement surfaite. De plus, en raison de sa commodité, le gaz est souvent choisi au lieu d’énergies moins polluantes, ce qui contribue aussi à le rendre un peu plus suspect qu’on le souhaiterait.

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